LES GROTTES DE PIERRE-LA-TREICHE

La commune de Pierre-la-Treiche est la plus riche commune meurthe-et-mosellane sur le plan karstique. Elle ne compte pas moins de 39 grottes explorées par l'Homme, dont les deux tiers sont situés en rive droite. Par ailleurs ces cavités figurent parmi les plus grandes du département et on trouve 3 des 4 cavités du département de plus de 1 000 m de développement.
L'ensemble des grottes de ce domaine recèle encore bien des secrets. De nombreux conduits sont malheureusement totalement obstrués par des remplissages déposés par la Moselle lors de sa capture par la Meurthe il y a plus de 300 000 ans. Les actuels explorateurs poursuivent les travaux commencés par leurs aînés voici près d'un siècle et demi pour enrichir tout aussi bien notre connaissance du milieu souterrain que celle de l'humanité.

ATTENTION ! L'accès aux cavités est réglementé par une concession de passage par la commune et l'ONF !

Plan d'ensemble des grottes de la rive droite

Plan d'ensemble (53 ko)

 

Panneau de présentationn du domaine

Après plusieurs années de travail, le C.D.S. a posé en septembre 2018 un panneau de présentation du site des grottes de Pierre-ta-Treiche sur le chemin des grottes à environ 200 m de la route :

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Pour en savoir plus, il est possible de consulter la bibliographie disponible sur le site de la Ligue Grand Est de spéléologie sur la page de la commission Scientifique.

 

Géologie du domaine

Les grottes de Pierre-la-Treiche se développent dans des calcaires datant du Jurassique, plus précisément au Bajocien (il y a 170 à 164 millions d'années). Il s'agit majoritairement de calcaires à polypiers et de calcaires oolithiques (voir Oolithe dans Wikipédia) comme on peut le voir sur cet extrait de carte géologique de Pierre-la-Treiche :

Sondage réalisé près des grottes (numéro national : 02297X0060/SR2) :

De

À

Type

Période
0 m 4 m Remblai : Pré/Galet, Siliceux/Argile Quaternaire
4 m 14 m Calcaire, Oolithique (oolithe terreuse à Clypeus Ploti de 0004.00 à 0019.25) Bajocien supérieur
14 m 19,25 m Calcaire, Oolithique ; Argile Bajocien supérieur
19,25 m 24,5 m Calcaire, Oolithique Bajocien supérieur
24,5 m 42,5 m Calcaire, Crème oolithique (oolithe miliaire inférieure) Bajocien supérieur
42,5 m 52,5 m Calcaire, Oolithique cristallin crème Bajocien supérieur
52,5 m 54,5 m Pré/Calcaire, Cristallin/Argile (Marnes de Longwy) Bajocien supérieur
54,5 m 64,5 m Calcaire, Construit (Polypiers supérieurs) Bajocien moyen
64,5 m 67,5 m Calcaire, oolithique (oolithe cannabine) Bajocien moyen
67,5 m 81 m Pré/Calcaire, Construit/Calcaire, oolithique / (Polypiers inférieurs) Bajocien moyen
81 m 87 m Calcaire, cristallin Bajocien inférieur
87 m 97 m Calcaire, oolithique Bajocien inférieur
97 m 127 m Inconnu Imprécis

Les calcaires des grottes de Pierre-la-Treiche sont par ailleurs riches en fossiles divers (dont les fameuses "étoiles de Sion") qui peuvent être contemplés dans les parois.

Les derniers travaux scientifiques (LOSSON, 2005) permettent d'estimer la période de formation des grottes de Pierre-la-Treiche : il s'agirait vraisemblablement du Pléistocène moyen et inférieur (il y a 1,5 millions d'années à 300 000 ans). Les grottes de Pierre-la-Treiche occupent une place importante dans l'histoire humaine locale et dans l'histoire de la spéléologie lorraine.

 

Présentation des principales grottes du domaine
par ordre chronologique de découverte

Lorsqu'on remonte l'histoire on découvre que le trou des Celtes (rive gauche ; développement actuel : 75 m) sert dès le néolithique de sépulture collective vers le 2e millénaire avant notre ère. Ensuite, pendant le second âge du fer, la grotte est utilisée comme refuge à l'un des peuples gaulois qui habitent les environs, les Leuques (3e-1er siècle avant JC).

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Statue de Leuques, parc de la Pépinière, Nancy (Edmond Desca, 1885, On veille)

La capitale des Leuques, fondée sur un site préhistorique ancien, était alors Tulo Loucoru qui deviendra Tullum Leucorum, avec l'arrivée des romains en 52 avant JC, puis Toul.
Le trou des Celtes a été découvert en 1858 par Camille HUSSON. Son père, Nicolas, et lui y ont trouvé des silex taillés, des poinçons d'os, des fragments de poteries et de fibules. L'ensemble de ces pièces est conservé dans les collections du musée de Toul. Après étude de la grotte du Géant à Gondreville (en amont sur la Moselle), le comte Jules Beaupré remarque en 1901 que les pièces trouvées sont similaires entre les deux cavités. En 1932, Christian CHAMBOSSE (1914-2004 ; membre d'honneur de l'USAN), préhistorien, archéologue et spéléologue, décrit dans le journal hebdomadaire de Toul, L'Avenir toulois, n°771 (2 janvier), n°773 (16 janvier) et 774 (23 janvier) les recherches et pièces trouvées dans cette cavité et aux alentours. Il évoque à nouveau le trou des Celtes le 4 mars 1934 page 27 de L'Est illustré.
> En savoir plus ? https://fr.wikipedia.org/wiki/Trou_des_Celtes
 

Plus récemment, la grotte Sainte Reine (rive droite ; développement actuel : 1 260 m) a abrité un ermitage installé dans son porche principal en 1711. Cela vaut d'ailleurs à la grotte d'être classée par les Monuments historiques (arrêté du 24 février 1910). C'est dès 1846 que que les premiers spéléologues en commencent l'exploration. En 1863 Nicolas HUSSON en publie les premiers plans. En 1932, Christian CHAMBOSSE décrit totalement la cavité en 6 parties parues dans le journal hebdomadaire de Toul, L'Avenir toulois, n°781 (12 mars), n°782 (19 mars), n°783 (26 mars), n°784 (2 avril), n°786 (16 avril), n°789 (7 mai). Il faut attendre 1954 et les travaux successifs de plusieurs explorateurs pour aboutir à une topographie presque égale à celle d'aujourd'hui.
> En savoir plus ? https://fr.wikipedia.org/wiki/Grotte_Sainte-Reine
 

Ce n'est que le 2 décembre 1934 que Christian CHAMBOSSE découvre la grotte des Puits (rive droite ; développement actuel : 440 m) et désobstrue le 1er puits menant aux galeries inférieures. Il présente sa découverte dans le journal hebdomadaire de Toul, L'Avenir toulois, n°926 (22 décembre). Les galeries supérieures sont dues aux travaux du Clan des Montenlairs (groupe spéléo des Eclaireurs des France ; groupe disparu) vers 1952-1953. Michel LOUIS (1937-2001) ouvre les galeries inférieures de cette cavité entre 1961 et 1962.
> En savoir plus ? https://fr.wikipedia.org/wiki/Grotte_des_Puits
 

La grotte des excentriques (rive gauche ; développement actuel : 185 m) a été découverte le 26 mars 1935 par Christian CHAMBOSSE, qui la nommait alors grotte des Renards. En avril 1958 elle est redécouverte par Michel LOUIS et J.-M. DELHOTAL qui notent qu'elle avait été déjà parcourue par des inconnus qui avaient agrandi plusieurs passages... Elle fut baptisée après coup à la suite de la découverte de minuscules excentriques sur les parois. Cette grotte a permis l'étude d'animaux cavernicoles par Jean-Luc CONTET-AUDONNEAU pour le compte du laboratoire de zoologie de Nancy.
> En savoir plus ? https://fr.wikipedia.org/wiki/Grotte_des_Excentriques_(Meurthe-et-Moselle)
 

La grotte des 7 Salles (rive droite ; développement actuel : 1 235 m) doit sa découverte à Christian CHAMBOSSE le 31 mars 1937. Il présente sa découverte dans le journal hebdomadaire de Toul, L'Avenir toulois, n°??? du 10 avril. Au début des années 50 le Clan des Montenlairs ouvre et topographie la "partie gauche" à partir du boyau. Ce n'est que très récemment (dans les années 70-80), que Michel LOUIS découvre, d'abord avec le GST (Groupe Spéléologique de Toul ; groupe disparu) puis le CLRS (Cercle Lorrain de Recherche Spéléologique ; voir Les clubs), l'intégralité de la "partie droite" et désobtrue l'Entrée 2. Il faut attendre 1996 pour que l'USAN (Union Spéléologique de l'Agglomération Nancéienne ; voir Les clubs) ouvre le Puits du Chouchen (Entrée 3) au sommet de la Galerie Supérieure.
> En savoir plus ? https://fr.wikipedia.org/wiki/Grotte_des_Sept_Salles
 

Quant à la grotte Jacqueline (rive droite ; développement actuel : 1 155 m), sa première entrée a été inventée par Jean COLIN en 1948. On doit les 2 autres entrées et la topographie finale à Michel LOUIS aidé de l'ASHM (Association Spéléologique de Haute-Marne) et de l'USAN entre 1960 et 1963.
> En savoir plus ? https://fr.wikipedia.org/wiki/Grotte_Jacqueline